
Importance du secteur privé
La nouvelle situation est très exigeante pour le port d’Odessa qui projette de développer son rôle en coopération étroite avec des investisseurs privés. L’ITJ s’est entretenu à ce sujet avec Ruslan Sakhautdinov de l’administration portuaire et avec des acteurs privés.
Le plus important port d’Ukraine essaie d’utiliser au mieux ses propres capacités en dépit de la baisse du volume russe. Il ne faut pas oublier que depuis l’annexion de la Crimée, l’Ukraine doit se passer de cinq ports pour le transbordement de marchandises. Les ports d’Odessa, Youjne et Ilichevsk sont donc devenus les plaques-tournantes de ce pays aux graves difficultés économiques (baisse de la consommation et des importations).
Odessa a été et demeure un port universel. Dans ce vaste port sont transbordés du fret conventionnel ainsi que des conteneurs (deux terminaux). Lors d’un entretien accordé à l’ITJ, Ruslan Sakhautdinov, directeur adjoint de l’exploitation, s’est déclaré heureux que quelque 400 entreprises privées ukrainiennes et étrangères travaillent actuellement dans le port, y procèdent à des opérations de transbordement et restent fidèles à Odessa malgré les temps difficiles.
Les fonds étrangers sont les bienvenus
En 2015, 25 M. de t de fret ont été transbordés à Odessa, soit 4% de plus qu’en 2014. En matière d’expansion, le port place ses espoirs dans les investisseurs étrangers, très présents à Odessa ou dans le port voisin d’Ilichevsk. Au dire de R. Sakhautdinov, l’administration portuaire a investi ces dernières années pas moins de 500 M. d’USD dans les infrastructures, auxquels se sont ajoutés 300 M. d’USD de la part d’investisseurs privés.
Pas moins de 21 projets d’expansion devraient renforcer le rôle d’Odessa comme plaque tournante pour l’arrière-pays et port de transit pour les pays voisins. Sauf pour la Russie: en raison de la crise politique, il n’y a pratiquement plus de volume de transit avec ce pays. R. Sakhautdinov se souvient d’ailleurs comment, du jour au lendemain, un volume de transit de 10 M. de t de fret du Kazakhstan via Odessa a été perdu car la Russie a décidé de faire passer les marchandises par son propre port de Novossibirsk sur la mer Noire. La Russie essaierait en outre par tous les moyens de dessécher l’Ukraine économiquement parlant.
372 000 TEU ont été transbordés en 2015, soit 10% de moins qu’en 2014. L’année dernière, les importations et les exportations ont baissé de 30% en raison de la chute de la consommation. S’y ajoute un taux d’inflation de 43% qui fait augmenter les prix en raison de la perte de valeur de la monnaie Hryvnia.
Terminaux et partenariats
HPC Ukraina en ressent aussi les effets. Soutenue par la HHLA hambourgeoise, cette société est actuellement le plus grand exploitant de terminaux à conteneurs à Odessa (250 000 TEU en 2015). Selon Klaus Schmöcker, président de HPC Ukraina, le volume atteignait même 500 000 TEU pendant les années fastes. Depuis 2000, HPC est engagée à Odessa. Elle a obtenu la concession du terminal à conteneurs en 2001 après un appel d’offres et a promis dans ce contexte de réaliser des investissements se chiffrant par centaines de millions d’euros. Les navires de 17 armements accostent aux quais d’Odessa, la plupart à ceux de HPC Ukraina. K. Schmöcker est plein d’éloges pour la coopération avec l’administration portuaire et constate: «En dépit de l’évolution décevante, nous avons réalisé un résultat positif année après année.»
Le second terminal à conteneurs ainsi que quatre autres terminaux du port (fer, céréales, charbon et produits chimiques) sont exploités par le groupe ukrainien TIS. Son CEO, Andrey Stavnitser, est aussi consul honoraire de l’Autriche pour la région d’Odessa: «La sécurité juridique est très fragile dans ce pays et il n’y a pas de soutien politique pour les entreprises.»
Rainer Staltner, qui a occupé depuis 1992 divers postes de cadre à Odessa, est malgré tout optimiste: «En Ukraine, il y a des opportunités un peu partout, mais il n’est pas facile de les saisir.» Il précise qu’il est vital d’avoir un partenaire fiable sur place et de franchir la barrière linguistique.