
«Love Story» entre Strasbourg et Anvers
En mars, un convoi aux dimensions exceptionnelles a acheminé une turbine géante du site belfortain de General Electric (GE) au port de Strasbourg. Selon GE, ce transport de charge lourde constitue un nouveau record pour Belfort. Le prototype d’une puissance de 510 MW a été transbordé à Strasbourg sur la barge «Love Story» en partance pour Anvers. Destination finale de la turbine: les Etats-Unis.
Depuis 1999, le groupe états-unien General Electric, qui fait actuellement la une des journaux à propos de son projet d’investissement dans le groupe industriel français Alstom, a son siège social européen et un site de production à Belfort.
Il y a quelques semaines le prototype d’une nouvelle turbine à gaz a été transporté vers les Etats-Unis. Cette nouvelle turbine d’une puissance de 510 MW (soit la consommation de 600 000 foyers en Europe) sera testée dans le centre d’essais General Electric de Greenville (Caroline du Sud), seul site du groupe américain à pouvoir tester des turbines de cette dimension. La turbine précède la production en série d’un modèle dont le premier exemplaire sera livré en 2015 à la centrale thermique EDF de Bouchain (Nord).
Un convoi de 800 t
Le transport exceptionnel a commencé le 5 mars 2014. Il a constitué un record pour le site de Belfort puisque de telles dimensions n’ont encore jamais été atteintes pour un transport au départ de cette usine, a souligné la direction.
Le convoi mesurait 109 m de long, environ 6,7 m de large et 5,7 m de haut. Il pesait au total 800 t, dont 390 t rien que pour la turbine. Il a fallu pas moins de deux remorques, deux véhicules tracteurs et deux pousseurs pour ce transport de charge lourde et surdimensionnée.
Un transport en cinq étapes
Rhenus Logistics, chargée du transport, a commencé les études préliminaires du trajet dès octobre 2010. L’itinéraire d’une longueur de 148 km traversant les régions densément peuplées du Territoire de Belfort, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin a été divisé en cinq étapes d’un jour: de Belfort jusqu’au pont d’Aspach, de là à Colmar, puis la nuit suivante d’Eguisheim à Ebersheim, le lendemain jusqu’à Ilkirch-Graffenstaden et la dernière étape jusqu’au port de Strasbourg. Ce trajet a été choisi en se basant sur de précédents transports exceptionnels.
Vastes travaux d’aménagement
Tout au long du trajet, il a fallu procéder à divers travaux pour garantir un transport sans accrocs: bloquer des intersections et mettre en place des déviations, élargir et adapter certains tronçons routiers et carrefours giratoires, rallonger des passages dans les terre-pleins centraux, déplacer le convoi sur la voie opposée. Dans la traversée de Benfeld, l’itinéraire existant étant trop sinueux, une nouvelle sortie a été construite pour rejoindre la RD 829. A la suite de la fermeture de nombreuses routes, la circulation des automobiles, et en partie également des autocars, a été interrompue.
Les pouvoirs publics ont participé aux travaux, tant financièrement que concrètement par le biais des collaborateurs de l’UTAT Unité Technique d’Aménagement du Territoire. Ces derniers ont taillé des arbres, démonté/remonté des panneaux de signalisation et couper les feux de signalisation et lignes électriques. Les coûts de tous ces travaux ont été d’environ 700 000 EUR, financés par General Electric et le Conseil général du Territoire de Belfort.
Transport multimodal jusqu’aux Etats-Unis
Le transport routier a accumulé un retard de deux jours par rapport à la durée prévue. Le 13 mars, la turbine a finalement été transbordée sur l’unité fluviale Love Story au port autonome de Strasbourg. Le transport rhénan jusqu’à Anvers a duré trois jours. Là, cette cargaison lourde a été embarquée à bord d’un navire à destination du port de Savannah (Géorgie). Depuis ce port, la turbine a été acheminée par rail et route jusqu’à Greenville en Caroline du Sud. Le transport a donc duré au total un mois et demi du lieu de production au lieu de destination.
Au centre d’essais de General Electric, la turbine à gaz 6F sera soumise à de vastes tests. S’ils sont concluants, il y aura certainement d’autres transports de turbines géantes en Europe. Dans le cadre de la production en série à partir de 2015, il est prévu d’approvisionner également des sites dans toute l’Europe, notamment dans le nord de la France. Il existe donc un potentiel pour de nouveaux convois exceptionnels transportant des turbines géantes.