
«Une branche fantastique»
Au terme d’environ 15 ans au service de diverses compagnies aériennes et d’autres acteurs de la supply chain globale, le Suédois Michael Steen est depuis dix ans «copilote» d’Atlas Air, le plus grand exploitant du monde d’avions-cargos B747 (42), mais aussi de onze B777F, 25 cargos B767, un B757 et six B737. Cette diversification est renforcée par le partenariat avec Amazon.
Monsieur Steen, veuillez nous expliquer la structure d’Atlas Air Worldwide.
Notre président et CEO William J. Flynn a commencé à travailler pour Atlas Air en même temps que moi et nous avons décidé de changer la stratégie de la compagnie orientée jusque là presque exclusivement vers les secteur wet lease et charter. Dans un premier temps, DHL Express a pris une participation de 49% dans notre compagnie de ligne Polar Air Cargo qui est devenue la moelle épinière des activités transpacifiques de DHL Express. À l’époque, nous avons dédié six appareils à notre partenaire et aujourd’hui nous en sommes à 37. Une preuve de l’importance que prend ce type de relation pour nous.
Nous avons en outre modifié de façon considérable la taille et la composition de la flotte qui comprenait à l’époque uniquement des B747-200 et -400. Avec des modèles équipés des techniques les plus récentes, nous pouvons répondre aux souhaits des divers clients. C’est notre argument de vente. En même temps nous parvenons à croître malgré l’époque difficile. Nous comptions 91 appareils en mai et d’ici à la fin de l’année nous pourrions franchir la barre de 100 avions. Nous sommes en train d’élaborer notre stratégie pour la prochaine décennie.
Southern Air, le grand exploitant de Triple Seven, a été repris en 2016 par Atlas Air ...
...et est intégré actuellement. Par la suite la marque Southern Air disparaîtra.
Dans quelle direction va le développement de la flotte?
Nous analysons toujours les besoins des (éventuels) clients et allons ajouter en 2018 surtout des avions-cargos B767 à la flotte. Leur capacité est la mieux à même à remplir les exigences de l’e-commerce. Un premier pas, en attendant, seront les 20 B767F que la filiale d’Atlas Titan Aviation Holdings utilise pour Amazon sur le marché US.
Comment évolue ce partenariat souvent cité et parfois critiqué depuis 2016 (cf. ITJ 37-39/2016, page)?
Nous sommes enchantés puisque ce nouveau partenariat nous permet une entrée solide dans un nouveau secteur de croissance du fret aérien. Le general cargo demeure le pilier principal du secteur et avec plusieurs intégrateurs nous opérons déjà très fortement dans le secteur express. Mais l’e-commerce est un modèle d’affaires complètement différent: le B2C. L’avion est le mode de transport garantissant que les clients obtiennent les marchandises commandées le plus rapidement possible. Et il y en a de plus en plus: même aux États-Unis, le taux de pénétration d’Internet n’est que de 8% (dont 60% des commandes portant sur de biens immatériels tels que des films et de livres numériques).
Amazon existe aussi hors des USA...
Notre coopération est limitée dans un premier temps à ce marché. Nous verrons ce que l’avenir apportera.
Comment réagissent vos clients «traditionnels» – les lignes et intégrateurs – au deal avec leur nouvelle concurrence?
C’est à eux qu’il faudrait poser cette question! Il est clair qu’il peut y avoir certaines symbioses dont tous les participants peuvent profiter en bout de course.
Donc tous vos champs d’activité croissent. Qu’en est-il du charter?
Il se porte bien qu’il s’agisse de véhicules de formule 1, d’animaux vivants ou de présentation de nouveaux produits. Le fret aérien booste l’économie globale.
Quel est le rôle d’Atlas dans ce contexte?
Nous desservons par ex. l’Amérique latine à raison de trois/quatre services de ligne hebdomadaires depuis Miami: vers le sud ce sont beaucoup de pièces de rechange et vers le nord les appareils sont remplis de produits périssables. Nos avions transportent 60% des asperges consommées aux USA et tout le saumon chilien de Costco. Nous en sommes fiers.