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  • Photo: Swiss WorldCargo

Auteur : Andreas Haug


Artikel Nummer: 53669

Une stratégie premium face aux incertitudes mondiales

Entretien avec Alain Chisari, Head of Swiss WorldCargo. Depuis octobre 2024, Alain Chisari est responsable du fret aérien de la filiale suisse de Lufthansa (cf. ITJ Daily, 30/09/2024). Lors du salon Air Cargo Europe en juin, cet ancien manager du secteur passagers a expliqué à l’ITJ comment il réoriente l’activité – avec un accent sur les segments premium, la numérisation et le développement durable.


Monsieur Chisari, après plus de vingt ans dans le transport de passagers, vous avez rejoint Swiss WorldCargo en octobre 2024. Comment se sont passés vos premiers mois dans le fret aérien?

 

C’est un autre monde – dans le bon sens du terme. Le secteur du fret est très solidaire, et j’apprécie le contact étroit avec les clients et les partenaires. La pandémie a aussi donné plus de visibilité à notre activité. Aujourd’hui, nous avons des rendez-vous fixes avec la direction, et notre performance est beaucoup plus demandée.

 

 

Comment le marché s’est-il comporté pour Swiss WorldCargo jusqu’à présent en 2025?

 

Très bien. Les changements politiques et économiques, comme les droits de douane américains annoncés par le président Trump puis suspendus temporairement, nous ont donné un élan supplémentaire. Grâce à notre positionnement sur une niche de marchandises sensibles, urgentes et de haute valeur, nous restons relativement indépendants des fluctuations globales.

 

 

Comment définissez-vous cette niche?

 

Nous nous concentrons sur les envois premium – par exemple dans la pharma, les valeurs, les semi-conducteurs ou d’autres marchandises sensibles. Les clients attendent ici la qualité et la fiabilité suisses. Notre hub de Zurich est compact, efficace et joue un rôle central. Nous travaillons en étroite collaboration avec notre partenaire d’entrepôt pour assurer des processus fluides.

 

 

Vous avez évoqué le réseau de lignes. Y a-t-il eu des extensions récemment ou à venir?

 

Oui. L’année dernière, nous avons ajouté Toronto, Washington D.C. et Séoul. La capitale sud-coréenne est particulièrement importante pour le fret. Cette année, notre croissance passe surtout par notre société sœur Edelweiss, avec des destinations comme Carthagène, Bogota, Halifax et Seattle. Ces lignes complètent le réseau de Swiss et ouvrent de nouvelles possibilités de fret.

 

 

Et sur votre liste de souhaits?

 

L’Inde et la Chine, sans aucun doute. Ce sont des marchés centraux, malgré une géopolitique complexe. Swiss dessert actuellement Delhi et Mumbai – il y a encore du potentiel de croissance.

 

 

Comment se déroule la collaboration au sein du groupe?

 

Swiss WorldCargo suit un modèle de contribution chez SWISS : nous évaluons une ligne en fonction des revenus passagers additionnés aux revenus fret. Lufthansa Cargo commercialise quant à elle les capacités belly d’autres compagnies du groupe, en plus de ses propres avions cargo. Nous avons une approche commerciale différente et misons surtout sur l’agilité et la qualité de notre hub à Zurich.

 

 

Où en êtes-vous sur le plan de la numérisation?

 

Nous sommes connectés à des plateformes de réservation et nous moderniserons notre système central en octobre 2025. Cela permettra d’automatiser la disponibilité des produits et d’en faciliter l’accès en ligne. La numérisation et l’IA joueront un rôle clé – dans le pricing, la prévision ou la relation client. Le service personnalisé restera toutefois essentiel, surtout pour les segments premium.

 

 

Quelle est la position de Swiss WorldCargo sur le thème global du développement durable?

 

Nous avons beaucoup construit ces dernières années. En tant que première compagnie aérienne, nous avons proposé la compensation de CO₂ par « Direct Air Capture » en collaboration avec l’entreprise suisse Climeworks. Nous participons en outre au projet SAF « Sun-to-Liquid » de Synhelion avec SWISS. Nous organisons également des webinaires trimestriels pour le secteur. Le développement durable exige échange et coopération.

 

«Il faut des incitations politiques ou fiscales.»

 

Les clients de Swiss WorldCargo sont-ils prêts à payer pour des solutions durables?

 

C’est en évolution. Beaucoup apprécient notre engagement et veulent en discuter. Mais pour une mise en œuvre plus large, il faudra sans doute des incitations politiques ou fiscales.

 

 

Quels sont les segments de produits Swiss WorldCargo les plus porteurs?

 

La pharma reste très dynamique – notamment grâce aux nouveaux produits biotech. Les valeurs comme l’or et l’argent augmentent aussi, en raison des incertitudes géopolitiques. Et dans le secteur technologique – par exemple les semi-conducteurs –, nous voyons également une croissance, la rapidité étant ici décisive.

 

 

Les exigences en matière de sécurité augmentent partout. Comment y répondez-vous ?

 

C’est l’un des domaines les plus complexes du fret aérien. De nouvelles réglementations arrivent souvent à très court terme et doivent être mises en œuvre immédiatement. C’est un défi de taille pour tout le secteur.

 

 

Quelles sont vos priorités pour les prochains mois?

 

Affiner encore notre positionnement de niche, accompagner activement le réseau de Swiss et poursuivre la numérisation avec détermination. L’arrivée des nouveaux Airbus A350 nous donne un potentiel de croissance et des capacités belly supplémentaires. Le développement durable reviendra aussi davantage au premier plan.

 

 

Où en sera Swiss WorldCargo quand nous nous retrouvons ici même?

 

La numérisation aura profondément transformé nos canaux de vente et de distribution – avec des connexions plus directes aux transitaires, et peut-être même aux chargeurs. Le développement durable aura gagné en importance. Notre positionnement premium sera encore plus affirmé, avec un réseau plus fort et plus stable, et qui sait – il aura peut-être même été élargi.

 

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