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22.05.2019 Auteur : Christian Doepgen


Artikel Nummer: 27818

Une nouvelle voie

Dans le monde entier le trafic ferroviaire de fret est dans la défensive face à la route. En Iran, les Chemins de fer de l’État (RAI) lancent une offensive afin de moderniser et faire progresser les infrastructures, le matériel roulant et les lignes internationales. À Téhéran, Saeid Rasouli, président de RAI depuis mars, a donné à l’ITJ un aperçu de la stratégie.


Le secteur iranien des transports d’État applique la répartition modale car chaque CEO d’un mode de transport porte en qualité de représentant de l’État le titre de vice-ministre des Transports. Dans le cas des Chemins de fer iraniens (RAI; Railways of the Islamic Republic of Iran), il s’agit de leur président Saeid Rasouli, qui assume ses fonctions depuis le mois de mars 2019. Il connaît pourtant la société et son métier depuis beaucoup plus longtemps. Depuis janvier 2017 membre du directoire de RAI, il a également déjà occupé, entre autres, le poste de vice-président de la planification et de l’économie des transports de RAI. Il a accueilli les représentants de l’ITJ au siège de RAI à Téhéran qui n’est pas sans rappeler, côté architectural, La Défense à Paris.

 

 

Priorité au rail

En ce qui concerne leur âge, les RAI sont un brin plus âgés que l’ITJ: depuis 81 ans, les chemins de fer sont organisés en société nationale bien qu’ils aient été opérationnels depuis plus longtemps à l’échelle locale. Mais c’est seulement en juillet 2019 que l’ITJ fêtera ses 80 ans.

 

En Iran, les chemins de fer ne sont pas considérés au niveau politique et économique sous l’aspect historique, mais sont clairement un sujet d’actualité. Avec ledit sixième plan de développement, lancé en 2016, l’Iran a accordé la priorité absolue au développement du réseau ferroviaire et du transport ferroviaire de marchandises. Concrètement, cela signifie que depuis 2016 1% des recettes publiques provenant des secteurs pétrole et gaz sont consacrés au développement du réseau ferroviaire et aux équipements des chemins de fer.

 

«Entre-temps, une série de lois a été adoptée par le gouvernement et le Parlement», a expliqué S. Rasouli. «Ces lois ont amélioré sensiblement les conditions-cadres pour les investisseurs iraniens et étrangers». Il a évoqué en particulier ledit «paquet de soutien» qui récompense l’engagement financier du secteur privé dans le rail, entre autres, par le biais d’un cours de change garanti par l’État. Compte tenu de la volatilité de la monnaie nationale, cette garantie est une profession de foi. Il existe en outre, selon le montant des investissements, des réductions de prix échelonnées profitant à l’investisseur.

 


Des objectifs ambitieux

Le transport ferroviaire de marchandises étant écologiquement plus efficace que le transport routier, Téhéran veut également encourager la répartition modale. Le pays se montre ambitieux puisque d’ici 2021 30% du trafic marchandises iranien – importations, exportations et transit – devraient emprunter le rail. S. Rasouli a admis que la part actuelle du rail dans le trafic total est d’environ 13,5%.

 

«Nous voulons créer la dynamique nécessaire au changement, par le biais d’un vaste programme», a expliqué le président de RAI. «En font partie, hormis l’extension des infrastructures (gares, postes de signalisation et terminaux), également la formation et le perfectionnement du personnel.» Dans le cadre de l’électrification du réseau iranien, existant seulement en partie, le pays a l’intention de mettre l’accent sur les futures lignes de trains à grande vitesse. Dans ce contexte, l’Iran compte beaucoup de partenaires, pas seulement les RZD russes.

 


Nouvelles locomotives et nouvelles lignes

S. Rasouli admet aussi qu’une partie de la flotte de locomotives et de wagons utilisée actuellement en Iran ne correspond pas aux exigences actuelles du transport et de la logistique. «Nous prévoyons de renouveler le matériel roulant», a souligné le président de RAI. C’est précisément pour ce projet qu’un budget de 150 M. d’EUR a été débloqué récemment. Il est financé en partie par des fonds publics et en partie par des crédits bancaires. Dans ce domaine également la coopération avec des partenaires internationaux joue un rôle important.

 

La collaboration traditionnelle entre le groupe iranien du secteur technologie Mapna et Siemens devrait aboutir à la livraison de locomotives supplémentaires de type Mapna Siemens Euro Runner 24. 40 locomotives de ce type qui se prêtent aussi au transport de fret seront produites et assemblées dans l’usine Mapna de Karadj.

 

800 wagons de plus seront en outre achetés. D’ici 2020, il devrait s’agir de 1600. Sur l’écran dans son bureau, le président peut constater de visu les progrès des travaux d’extension sur plus de 250 lieux en Iran, entre autres à Aprin, Bandar Abbas, Tabriz. Une importance particulière est accordée à l’aménagement des liaisons internationales. Une ligne de 32 km comprenant un pont sur le Chatt-el-Arab va ainsi mener de Shalamcheh en Iran jusqu’au port irakien de Bassorah. Le projet a été décidé au niveau politique il y a seulement quelques semaines.

 

«La ligne vers Hérat en Afghanistan sera bientôt opérationnelle», se réjouit S. Rasouli à propos de la prochaine extension du réseau de lignes internationales. Un autre projet qui permettra de renforcer tout particulièrement ce lien avec l’Afghanistan est l’extension des lignes entre le port de Tchabahar et l’arrière-pays jusqu’à Zahedan en Iran. Les Chemins de fer iraniens saisissent donc les opportunités qu’offrent les échanges commerciaux avec les voisins asiatiques de l’est. Il est apparu clairement à Téhéran qu’il n’y a aucun manque de volonté politique.